Philippe Allain est coach depuis plus de 10 ans sur le circuit européen, il a collaboré avec Thomas Levet, Francesco Molinari, Jean-François Rémésy et une trentaine d’autres joueurs du circuit. Parrain du Team PlayingGolf, il met son savoir-faire et ses connaissances aux services de nos joueurs. A travers un entretien, il livre sa vision de l’enseignement et quelques clés indispensables pour tout joueur de golf.
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Bonjour Philippe, en quelques mots, peux-tu te présenter ?
Je viens du football, j’ai commencé le golf « assez tard » (21 ans) mais je suis passé professionnel rapidement. Depuis 25 ans, je consacre ma carrière à l’enseignement. J’ai beaucoup étudié et voyagé pour rencontrer les personnes susceptibles de m’aider comme des grands professionnels de la technique mais aussi des neurologues ou des bio-mécaniciens.
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Pourquoi as-tu accepté d’être le parrain du team PlayingGolf ?
En dehors de connaître Nicolas et Julien depuis longtemps, je les ai surtout beaucoup suivis pendant leur carrière de joueur. Je pense qu’ils ont tout pour devenir des leaders de l’enseignement de haut niveau en France. Grâce à leur expérience de joueur, leur culture technique et leur sens de la pédagogie, ils ont les qualités nécessaires pour encadrer leurs élèves. Ils ont surtout la passion et une constante envie de recherches qui les placent à l’avant-garde des jeunes coaches en France. J’espère, aussi, pouvoir leur apporter mon savoir-faire pour les épauler dans leurs objectifs.
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Pour les jeunes qui liront cette interview, que tu dirais à ceux qui veulent devenir des champions ?
Deux choses simples mais indispensables : être passionné et rêver à de grands exploits. Ce sont les rêves qui font avancer ! 🙂
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Quelles sont les qualités que l’on doit avoir pour devenir un grand joueur à tes yeux ?
Du talent et… du travail ! Travailler pour mieux se connaître et savoir ce dont on est capable dans les moments difficiles, travailler pour s’adapter aux situations et conditions de jeu rencontrées et travailler pour être capable de proposer des réponses par une grande créativité.
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L’enseignement au très haut-niveau doit être personnalisé, néanmoins y-a-t-il certaines choses qui reviennent tout le temps quand tu coaches tes joueurs ?
Je suis un enseignant qui croit fermement aux vertus des fondamentaux et des basiques dans le swing. La première étape, pour moi, consiste à gérer l’équilibre tant en position statique (avant le swing) que dynamique (pendant).
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Au sujet du débat entre les pros »grand jeu » et les pros »petit jeu », quelle est ta vision ?
A long terme, aussi bien sur l’ensemble d’une carrière que pour la totalité d’une saison, le grand jeu amène des performances plus régulières, plus persistantes. Une personne qui gagne les greens en régulation sur chaque tournoi sort rarement du Top10, voire même du Top5 !
Cependant quelqu’un qui est très fort au petit jeu pourra, de manière moins constante, dans une semaine qui sourit, être capable de gagner un tournoi ou de réaliser une très belle performance.
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Tu es reconnu pour être intransigeant sur les bases. Est-ce un problème pour toi de changer le grip d’un joueur quand cela t’apparait nécessaire et comment t’y prends-tu ?
Non… à condition de disposer d’assez de temps pour l’installer ! Un changement de grip influence le jeu et les sensations donc, sur une leçon ponctuelle, je ne le fais jamais.
Si je sais avoir plusieurs séances pour travailler et que j’estime que c’est important de le faire, alors, oui, je m’attelle à ce changement. Pour cela, je « sors » du practice en prenant seulement un manche de club (sans face de club donc) pour se concentrer uniquement sur la position des mains et rechercher les sensations. Je le fais très fréquemment dans une salle obscure pour favoriser le feedback et la recherche personnelle. J’utilise aussi un exercice avec 2 balles dans les mains que l’on lance d’une certaine manière.
On est donc assez loin du jeu de golf pour mieux se concentrer sur les sensations des mains.
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Parmi tous les grands joueurs que tu as pu coacher, lequel t’a fait la plus grande impression ?
Toujours difficile de répondre à ce genre de questions ! 😉 Chacun a des qualités différentes et souvent très impressionnantes. Mais je dirai Francesco Molinari par sa qualité d’adaptation ! Il était capable de mettre en place un changement proposé immédiatement sur le parcours et de réaliser un score incroyable.
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Il y a finalement peu d’élus au plus haut niveau, aussi quelle est la première qualité pour être un bon joueur de club ?
Sans hésitation, la créativité ! Un tel joueur n’a pas la possibilité de s’entraîner beaucoup, ses sensations changent, il doit donc savoir créer pour être performant les dimanches matins où il joue.
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Lors de tes séances, tu demandes beaucoup de mouvement à vide à tes joueurs, pourquoi est-ce aussi nécessaire pour les amateurs ?
Il faut comprendre que, pour le cerveau, il n’y a aucune différence entre un mouvement exécuté « à vide » et celui avec une balle. Les zones recrutées pour réaliser le mouvement, les zones moteurs du cerveau sont exactement les mêmes. Les mouvements à vide, faits à petite vitesse, sont plus justes et le feedback est plus important. Peu importe le niveau de jeu, je le mets en oeuvre très régulièrement car le joueur apprend à la fois à mieux se connaître et à intégrer plus rapidement la séquence moteur.
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Entre la face de club et le chemin de club, lequel de ces 2 paramètres est à tes yeux le plus important pour un joueur amateur ? Est-ce différent pour un professionnel ?
Qu’on soit pro ou amateur, il n’y a pas de différence ! Ces 2 paramètres sont très importants pour… la balle ! 🙂 Le plus important étant la face de club.
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Au putting et au petit jeu, le yip apparait comme un mal incurable… Est-ce possible de le soigner et si oui comment ?
Le yip est souvent dû à un excès de contrôle de position, un excès d’analyse. La tâche à effectuer pour le cerveau n’est pas claire : dois-je contrôler mon geste ou dois-je envoyer la balle ?
On peut le corriger, et comme tout changement, avec beaucoup d’entraînement et de répétitions. L’objectif va être de « tromper » le cerveau. On met en place des exercices qui feront disparaître du process tout ce qui est contrôle et analyse du mouvement pour éliminer les gestes parasites.
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En matière d’enseignement, on parle beaucoup en ce moment des nouvelles technologies, tel le trackman. Sont-elles indispensables et peuvent-elles réellement révolutionner l’enseignement ?
La vidéo, le radar, la 3D au putting, tous ces launch monitor délivrent des informations objectives, non discutables, c’est leur intérêt premier. La qualité de l’information obtenue est importante pour l’analyse et pour confirmer le diagnostic. Néanmoins, le travail à entreprendre reste toujours à l’appréciation de l’entraîneur. Cela dépendra toujours des qualités de l’enseignant à prendre les bonnes directions de travail. Ce ne sont pas des outils qui révolutionnent l’enseignement mais qui permettent de l’améliorer lorsqu’ils sont utilisés correctement.
Excellent, il se dégage une sorte de « sagesse » d’une pédagogie de bon sens, basée sur le ressenti, et un entraînement psycho-moteur très proche du fonctionnement physiologique du système neuro-musculo-articulaire.
Bonjour Bernard. Merci de votre commentaire ! Nous ne l’aurions pas mieux dit 😉